Essaim de papillons Monarque |
Combi VW Transporter à Zitacuaro |
Le départ de Mexico nous amène dans une petite bourgade oublié du tourisme : El Capulin. Situé à une centaine de km à peine de Mexico, il nous faut cependant pas moins de 5 heures entre bus, camionnette et un dernier taxi négocié de haute lutte à la tombée de la nuit pour arriver en vue de notre destination, la réserve des papillons Monarque au sommet du cerro pelón. Lors du transit bus-camionnette à Zitacuaro, on en profite pour faire une halte restauration. Notre guide de voyage recommande un restaurant servant des truites, spécialité de la région. Il est déjà 15h00 et on commence à avoir vraiment faim. On s’élance sacs sur le dos et ce n’est qu’une heure plus tard que l’on trouve enfin le restaurant qui avait entre temps à changer d'adresse. Passé devant sans s'en rendre compt, les locaux ne nous sont pas non plus vraiment venus en aide. C’est donc les crocs dehors que l’on passe commande, que l’on manque de mourir asphyxier par la fumée provenant de la cuisine et enfin on peux savourer notre plat il est 16h30. En voyage, les transports incessants nous dictent nos horaires de repas. Mais comme Damien et moi sommes des férus de la bonne bouffe, on n’hésite pas à s’entêter pour dénicher les bonnes adresses!
Village d'el Capulin, au loin le cero pelon |
Bref reprenons le cours de notre histoire. Une fois arrivée au village, on rencontre les responsables de l'association qui gère les entrées de la réserve des papillons, on fixe le départ pour le lendemain à 07h30 et ils nous laissent nous installer pour la nuit dans un espace vert. L'endroit est vraiment isolé et la nuit s'annonce fraîche. On est à 2300m d'altitude et le froid pique déjà. À altitude égale avec Mexico, c’est incroyable la différence de température. Je prépare mes affaires pour dormir, le changement de climat incessant implique plus ou moins de couche sachant qu’en hamac la sensation de froid est réellement décuplée. Ce soir je n’hésite pas, j’enfile sous-vêtements thermiques, bonnet et chaussette en laine, je m'insère dans mon sac de couchage tout en m’installant dans le hamac. Une fois installé comme dans un cocon j’ai ma récompense, l’air frais et pur souffle sur mon visage, seul morceau de peau qui dépasse. Bien au chaud, j’observe ce magnifique ciel étoilé qui s’étend sous mes yeux. Au loin, seul les chiens brisent cet impressionnant silence, je les entends se rapprocher les gredins mais finalement s'éloignent pour de bon me laissant seul face à la nuit...
Millier de papillons volant |
Le lendemain matin, on part pour le sanctuaire des papillons monarques, qui élisent domicile ici, au sommet de cette montagne de 3000m d'altitude, comme chaque année durant l’hivers. Leurs migrations étaient encore inconnues jusqu'en 1975 date à laquelle le Canadien Fred Urquhart et sa femme Norah ont finalement percé le mystère après avoir dédiqué 38 années de leurs vies à leurs observations.
Essaim de papillons en haut des sapins |
Après une rapide marche de 2h00, on arrive à l’entrée du sanctuaire. Juste une sapinière au sommet d’une montagne avec un fil blanc qui délimite la zone d'hibernation des papillons à l’intérieur de laquelle on ne peut pénétrer. C'est seulement après un peu d'observation que j'aperçois au sol des dizaines de papillons mort! En regardant plus attentivement en hauteur dans les sapins, je vois comme des grosses tâches sombres, ce sont des centaine ou plutôt des milliers de papillons agglutinés les uns contre les autres et formant d’innombrables essaims. Ils se sont installés dans ce périmètre, après avoir traversé la moitié du Mexique et les Etats-Unis en provenance de la région des grands lacs à la frontière canada - Etats-Unis. Un périple de 4000km qu’ils effectuent chaque année en deux mois à la fin de l’été pour se retrouver ici et passer la période hivernale.
L'exploit est d'autant plus impressionnant lorsque l'on sait qu'un papillon normal à une durée de vie maximale 2 mois! La migration se fait annuel se fait sur plusieurs qui se succèdent. Après avoir hiberner et retrouver des forces, le papillon monarque va s’accoupler au début du printemps et ce sont les générations suivantes qui effectueront la remontée vers le Nord. La migration vers le Sud est effectuée par un seul et unique individu, le « super-papillon ». Né à la fin de l'été, il rentre dans une phase non-reproductrice : la diapause qui peut durer 7 mois. Il s'élance alors dans un voyage migratoire inconnu du Canada vers le centre du Mexique contrairement aux oiseaux qui réalisent la migration complète. Sa capacité d’orientation reste encore un mystère. On sait toutefois qu’il s’oriente combinant la position du soleil et le champ magnétique terrestre grâce à leurs antennes qui contiennent des photorécepteurs.
En haut du Cero Perón, nous pouvons observer la génération de super-papillons encore assoupis par la fraîcheur de la nuit. Il faut attendre la mi-journée avec l’arrivée de la chaleur pour assister à l’éveil des papillons. Une journée sans soleil et c’est un gros échec pour leurs observations, mais heureusement pour nous aujourd’hui il fait beau. Il nous reste plus qu’à attendre. Vers 12h00, sous la demande persuasive de Damien, le gardien du sanctuaire nous laisse entrer dans la zone protégée pour pouvoir approcher les papillons qui commencent à voler par millier. Ce sont 5 minutes indescriptible, les papillons sont partout autours de nous et on ne sait plus où regarder. J’ai vraiment l’impression de me retrouver dans un dessin anime, c’est incroyable. Le temps reprend son cours lorsque l’on se fait rappeler à l’ordre par le gardien. Étant matinale, on était les seuls touristes dans le sanctuaire, seulement accompagné d’une Mexicaine, mais l’heure avancée nous amène son convoi de touristes. Paresseusement installé sur leurs chevaux, les premiers de la longue colonne arrivent au moment où l’on sort de l’espace interdit, juste à temps pour ne pas faire trop de jaloux!! On redescend quatre à quatre la montagne pour reprendre taxi et combi jusque Zitacuaro (où l’on se reprend une petite truite!), puis un bus pour Morelia et un dernier bus pour Uruapan, le tout en 6-7 heures. À cette heure tardive, on ne s’embête pas et on prend le premier hôtel que l’on trouve à côté du terminal. Le sort nous a réservé une drôle de surprise. Le calme et l’isolement de la nuit d’avant est loin, on est tombé dans un hôtel-bordel animé jusqu’au bout de la nuit, ambiance…
Album photo ici
Album photo ici